le monde devint pénombre
"Le bain refroidissait, Nicole émergea. Ruisselante elle décrocha la
serviette-éponge et se frictionna longuement. Les parfums croisés de la
campagne et du pain chaud faisaient monter en elle une langueur qui la
berçait. Furtive, elle essaya les souliers noirs de sa mère et fit la
moue. Ils flottaient un peu mais la grandissaient. Elle aperçut alors
son reflet dans la buée du miroir ovale et sourit. A treize ans,
bientôt quatorze, elle en paraissait dix-huit avec ce corps déjà mûr,
cette bouche sanguine, ces yeux bleus en amande, et ces longs cheveux
vermeils comme un feu sur les épaules. Elle passait chaque jour une
heure à domestiquer l'incendie.
En bas la porte avait claqué, maman venait de sortir. Elle et papa ne
finiraient guère au fournil avant minuit. Nicole s'agitait à la pensée
du mauvais tour qu'elle allait leur jouer, un dimanche, un jour sacré.
Elle irait à confesse demain, voilà tout! Pour avouer quoi?... Elle
avait à peine menti. C'était vrai qu'elle dormait ce soir chez Nanette,
sa grande cousine, bien seule aujourd'hui que Bernard l'avait quittée.
Évidemment, d'abord, elle avait rendez-vous..."
Les noces barbares - Yann Quéfelec.
Meninas cobrem a rua contra à porta
Onde pára a luz, vigio seu passo
Nuvens podem chegar, morros elevados
Perceba que tanto o sol gira
Pink Martini - Cante E Dance